A thousand and one questions affect our relationship to the world. Excessive consumerism, spiritual unrest, clinging to identity, diminishing exchanges, emergence of new divisions, blurring
of borders… In this apparent disorder, can the origins of an other era be unvailed?
As artists, we endlessly replay our utopias, with Babel as a backdrop. The territory to explore is infinite: cultures and memories whose lines we like to shift so that they finally converge. We also make migration and the mixing of cultures our territory. Perhaps it is our early exile that led us to return to the source, to follow the traces of our predecessors, to tirelessly search for creative allies. This awareness of belonging to several space-times is as basic to us as respiration, as inspiration.
This is what we wish to share through our itinerant music: our desire to grow, to learn from others, from ourselves, to live better lives.
In line with a previous project, Early Dreams, it is the pages left by another marvellous composer and singer that Constantinople has taken the liberty of reinventing this time around. A worthy heiress of Monteverdi, Renaissance Venetian
madrigalist Barbara Strozzi created a secular vocal repertoire that intoxicates the senses. A joyful and salutary delirium for music lovers!
For this project, the rich imagination of the beautiful artist with a demonic reputation is embodied by the velvety smooth vocals of Acadian soprano Suzie LeBlanc. Her poetry is enhanced by the brio and bold improvisations of our fi ve musicians.
Also on this passionate program are pieces by another Italian genius, of German ascent: Johannes Hieronymus Kapsberger (1580-1651). His spontaneous changes, sharp contrasts and unusual rhythmic groupings provide fertile ground for the musicians of Constantinople, who always welcome the chance to free themselves from the cultural codes of old Europe.
Love poetry and the music of those composers are supported by our musicians’ keenness on improvisation, their verve and a certain lightness tinted with a touch of audacity. Under the theme of musical metamorphosis, this recording refl ects our desire to take a glimpse at music of the past with our modern eyes. Through the works revisited here, we try to rediscover the subtlety and the wisdom with which men of the past took time, looked for things and touched one another. We want to be inspired and feel enriched by these qualities, to be able to share them with our society.
“For the flames of lovers, I know that
all the oceans are not enough.”
– Sebastiano Baldini,
Cantate Sino Alla Morte de Barbara Strozzi
Mille et une questions animent notre rapport au monde. Excès consuméristes / agitations spirituelles; débit élevé d’information / résurgence d’une paix intérieure ; replis identitaires / multiplication des échanges ; surgissement de nouvelles divisions / évanouissement des frontières… Faut-il déceler dans ce désordre apparent les prémices d’une nouvelle ère ? En tant qu’artistes, nous rejouons sans cesse nos utopies, Babel en toile de fond. Inventer et voyager se fondent en un seul horizon. C’est pourquoi nous avons fait de la migration, de la rencontre et du métissage notre terroir. Les terres à explorer sont infinies et nous aimons déplacer les lignes des cultures et des mémoires pour qu’elles convergent enfin. Peut-être est-ce l’exil du commencement qui nous a incités à remonter ainsi aux sources, à cheminer sur les traces de nos prédécesseurs, à rechercher inlassablement des alliés à notre créativité ? Peu importe, cette conscience d’appartenir
à plusieurs espaces-temps est aussi évidente qu’une respiration, qu’une inspiration.
Voilà ce que nous désirons partager dans notre musique : notre soif de grandir, d’apprendre de l’Autre et de soi, du passé et du présent, de mieux sentir et vivre pleinement le présent. Dans la continuité de notre récente création baroque, Premiers songes, ce sont les pages laissées par quelques-uns des plus fins compositeurs italiens de l’ère baroque que Constantinople s’offre le luxe de revisiter cette fois-ci. Le point de départ a été l’œuvre exceptionnelle de la compositrice et cantatrice Barbara Strozzi (1619-1677).
Digne héritière de Monteverdi, la Vénitienne éprise de madrigaux était fort douée pour enivrer les sens. Ses chants, profanes ou sacrés, à la fois passionnés, passionnants et virtuoses, lui ont valu
une place de choix parmi les compositeurs de l’ère baroque. Deux airs de Stefano Landi (1587-1639), un autre compositeur marquant de cette époque, se sont greffés à ce programme amoureux qui
prend vie à travers la voix suave de l’Acadienne Suzie LeBlanc.
À ces chants s’ajoutent des oeuvres instrumentales d’un autre génie italien aux racines germaniques, Giovanni Girolamo Kapsberger (c.1580-1651). La liberté qui souffle dans les recueils de ce luthiste fougueux constitue un terrain de jeu privilégié pour Constantinople, sans cesse désireux de s’affranchir des frontières culturelles de la vieille Europe. La poésie d’amour et les musiques de ces compositeurs sont portées par le brio et la légèreté mêlées
d’audace de nos musiciens férus d’improvisation. Sous le thème de la métamorphose musicale, cet enregistrement reflète notre désir de jeter un regard d’aujourd’hui sur la musique du passé.
À travers les oeuvres revisitées, nous tentons de retrouver la finesse et la sagesse d’esprit que l’homme du passé prenait le temps de chercher et de toucher. Nous voulons nous en inspirer et nous y abreuver afin de s’enrichir et de les transmettre à notre société.
« Le fleuve de l’oubli n’a pas assez d’eau
pour suffir à calmer mon incendie;
car pour éteindre le feu amoureux,
il faut une mer; et même, une mer est peu.
Je sais que pour les flammes des amants
toutes les mers, à la fi n, ne suffi sent pas. »
– Sebastiano Baldini,
Cantate Sino Alla Morte de Barbara Strozzi
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